Beaucoup de provinciaux (comme moi avant !) rêvent d’assister à l’enregistrement d’une émission télévisée. C’est pourquoi il y a deux ans, j’ai pris une semaine de vacances à Paris pour faire une tournée des studios ! J’avais l’intention de me faire des contacts mais que nenni ! Faire parti du public n’est finalement pas aussi magique que je l’imaginais…
La première étape est de s’inscrire gratuitement à l’émission par le biais d’une agence de casting. (Vous pouvez toujours essayez la méthode « Bonjour ! Je viens voir The Voice !! » mais je ne garantis pas le succès !).
Sinon, si c’est votre jour de chance, un jeune casteur peut même vous proposer d’assister à une émission dans la rue (quelques lieux stratégiques pour les casteurs : La Défense, Les Halles, devant les universités…).
Les agences de casting recrutent le public et s’en occupent le jour J. La gestion du public est devenue un véritable business de tour-opérateurs qui proposent des voyages exceptionnels au cœur de la télévision. (Pour le côté « exceptionnel » on repassera…).
Voici comment ce passe une journée type :
8h : Arrivée de la foule.
Tout le monde dépose ses affaires au vestiaire, notamment le téléphone portable, grand interdit de l’aventure. Passage obligatoire devant un agent de sécurité armé d’un détecteur, pour repérer les petits malins qui l’auraient caché.
Le public est ensuite minutieusement installé en fonction des demandes de la chaîne. Comprendre ici « grande blonde pulpeuse » / « grand brun musclé » en première ligne. Et oui, dictature de la beauté oblige, les mieux bâtis passeront à l’antenne. Ils sont placés à des endroits stratégiques, derrière les intervenants. Certains mannequins sont même engagés pour passer à l’écran.
Blonde, pulpeuse (bon 1,53m…), je remplissais suffisamment de critères pour être correctement placée (D’accord d’accord, j’étais seule, donc plus facile à ranger. Mais quand même !). Le plus ? Se faire remarquer avec un haut de couleur (rose, jaune, bleu, vert…). On évite les pois, les rayures et les carreaux, il parait que ça passe mal à la caméra.
9h : Enfin, tout le public est installé !
Le chef d’orchestre de la journée fait son entrée. Il s’agit du chauffeur de salle qui a pour rôle de mettre l’ambiance et de donner les consignes : comment applaudir, à quel rythme, comment rire aux blagues de l’animateur. Il faudra garder un œil rivé sur lui tout au long du tournage pour recevoir ses instructions.
Une longue attente commence…
10h : Souriez, vous-êtes filmés.
Le présentateur vient nous saluer et repart aussitôt en coulisses pour démarrer la première émission. Cette entrevue me renvoie derrière mon écran de télévision. Ça y est, j’y suis vraiment !
Le silence est demandé sur le plateau, l’excitation est palpable dans l’auditoire ! Le générique est lancé et le chauffeur de salle nous fait signe d’applaudir chaleureusement. Les caméras s’allument et une grue balaie le public avec un grand angle pour montrer que les gradins sont pleins.
45 minutes plus tard…
La première émission se termine. Le programme ne dure pourtant que 25 minutes mais les caprices du présentateur, qui fait des allers-retours dans les coulisses, sont une perte de temps considérable. Et c’est sans compter le confort des assises, au mieux un siège, sinon un simple gradin sans dossier.
11h : Début de la 2ème émission
Les deux premiers rangs du public sont inversés pour que les téléspectateurs pensent que le public est différent chaque jour. Et hop, la seconde émission démarre.
A la fin du 2ème tournage, la production nous offre gracieusement une petite bouteille d’eau. Mais attention ! Celle-ci devra être bien cachée sous nos pieds lors du tournage de la troisième et dernière émission. (C’est pas commode les cadavres de bouteilles à l’écran !).
Bon, on ne va pas se mentir, ce jour-là j’ai craqué à la fin de la 2ème émission et je suis partie. Oui parce qu’à un moment, attendre sans fin que les prises soient correctes, sur des gradins inconfortables et suivre à la lettre les directives du chauffeur de salle, ça va bien 5 minutes quoi… Et en parlant du chauffeur de salle, le pauvre faisait de son mieux entre les vieux au fond qui n’entendaient pas (on ne peut pas tout avoir !) et les jeunes rebelles qui n’en faisaient qu’à leur tête…
Finalement, le public repartira sur le chemin de l’anonymat, avec un sentiment mitigé. L’impression d’avoir touché du doigt les paillettes de ce milieu mais également celle d’avoir été un pion sur un grand échiquier. A 14h, un nouveau public envahira la salle pour 3 nouveaux tournages et en quelques heures, une semaine d’émission sera dans la boîte. Certains passionnés passent leurs journées à assister à des enregistrements en tout genre (vive les courbatures !).
A savoir : pour les émissions qui peinent à trouver du public, certaines agences décident de récompenser (ou d’appâter, c’est selon…) leur public par un bon d’achat (environ 10€) ou par des places de spectacles.
Si vous souhaitez expérimenter les gradins des émissions de télévision, voici quelques liens d’agences de casting :
À bientôt pour une prochaine aventure « MEDIAS » !
Bisous Bisous